Dans deux articles du Devoir parus les 24 et 25 octobre, plusieurs de nos organismes-membres en réduction des risques et des méfaits mettent le doigt sur des réalités moins discutées de la crise des surdoses.
Pas uniquement une crise des opioïdes
Premièrement, pour eux ainsi que pour divers·es autres expert·es, parler de « crise des opioïdes » ne représente pas pleinement la réalité de la crise des surdoses. Les chiffres parlent d’ailleurs d’eux-mêmes.
Au Québec, les stimulants comme la cocaïne, le crack ou le crystal meth ont tué sept fois plus de personnes que les opioïdes entre janvier 2022 et avril 2023.
Il serait donc plus juste de parler d’une « crise de drogues contaminées » (Martin Pagé, Dopamine).
De plus, en se concentrant sur les opioïdes, on amoindrit l’attention et les moyens accordé·es à la prévention auprès des personnes consommant des stimulants. Plus particulièrement, les organismes sur le terrain s’inquiètent du manque de ressources en lien avec les stimulants qui se consomment par inhalation.
C’est ainsi que, si les services d’injection supervisée de Montréal sont mieux financés depuis quelques temps, les villes québécoises offrant des centres d’inhalation supervisée ne sont qu’au nombre de trois: Gatineau, Québec et Laval.
Apprenez-en plus en lisant Cocaïne, crack et «crystal meth», plus meurtriers que les opioïdes au Québec, d’Améli Pineda et Stéphanie Vallet.
La solitude: un facteur de risque majeur
81% des personnes décédées des suites d’une surdose au Québec depuis janvier 2022 étaient des personnes seules.
En cause? Plusieurs facteurs, avec en tête de liste la stigmatisation et la criminalisation des personnes qui consomment des drogues. Les services de consommation supervisée, où les personnes sont accueillies sans jugement, ont donc un rôle de prévention essentiel.
Sur mes quarts de travail, j’ai déjà fait des réanimations de personnes en surdose avec des intervenants. Ça permet d’avoir un endroit sécuritaire pour consommer. Si tu échappes ta pipe et que tu en prends une par terre et que quelqu’un avait fumé du fentanyl avec, tu peux te contaminer avec une drogue que tu ne veux même pas consommer. Ça peut être évité [en consommant ici]
Nancy, paire aidante à BRAS Outaouais
Ces services sont pourtant encore trop peu nombreux, diversifiés et financés, notamment en ce qui a trait à la consommation de drogues par inhalation, comme nommé précédemment. En ce sens, le Québec accuse, selon les acteur·trices du terrain, un retard considérable.
Ça a pris un an avant de consolider des services [d’injection] qui existent depuis 2017 et qui ont fait leurs preuves, même scientifiquement. Mais là, il faut repartir avec notre bâton de pèlerin pour les stimulants et la consommation par inhalation. Comment peut-on être aussi en retard, puis ne pas avoir vu ça venir ? On va travailler encore une fois dans l’urgence.
Martin Pagé, directeur général de Dopamine
Apprenez-en plus en lisant Plus de quatre victimes de surdose sur cinq meurent seules, d’Améli Pineda et Stéphanie Vallet.