S’informer sur le VIH

Indétectable = intransmissible


Indétectable = intransmissible

On peut aussi dire que i=i change le monde, tout simplement. Cette équation révolutionnaire, basée sur une tonne de données scientifiques (voir ci-dessous), indique que lorsque le VIH est traité efficacement, il n’y a pas de transmission sexuelle du VIH.

i=i veut dire « indétectable = intransmissible »

Indétectable veut dire que la charge virale, soit la quantité de VIH dans le sang, est à un niveau très bas.

Intransmissible signifie que, lorsque la charge virale est indétectable, le VIH ne se transmet pas.

i=i change donc le monde! Après des décennies de peur et de stigmatisation, il est temps de passer le mot et de célébrer cette grande avancée. C’est avec ces objectifs en tête que la campagne « i=i change le monde du VIH » a été créée.

Le traitement permet aux personnes vivant avec le VIH de vivre longtemps et en santé. De plus, il empêche la transmission du virus.

L’ONUSIDA considère même i=i comme un tremplin concret vers la fin de l’épidémie.

En effet, selon ses objectifs 95-95-95, l’épidémie pourrait être éradiquée d’ici 2030 si, en 2025, 95% des personnes vivant avec le VIH qui suivent un traitement ont une charge virale indétectable.

Si cette évidence scientifique n’est encore pas assez abordée dans le domaine du VIH, elle est carrément inconnue du grand public. Malheureusement, les personnes vivant avec le VIH sont encore et toujours victimes de discriminations à plusieurs niveaux en raison de la peur du VIH toujours présente; peur inculquée dans les années sombres de l’épidémie du sida. Entre autres, les résultats d’une enquête sur les soins dentaires et le VIH, réalisée en 2019, démontrait :

[…] un manque d’information, de la part soit du personnel soignant, du personnel de soutien ou des deux, sur :

  • Le VIH et son impact dans les soins dentaires;
  • L’efficacité des précautions universelles;
  • Les raisons d’être du questionnaire de santé.

Ces lacunes alimentent les différences de traitement et, en retour, la réticence des personnes vivant avec le VIH à consulter.

Les contextes de non-transmission et de transmission

Une mise à jour sur les réalités actuelles du VIH est primordiale, alors qu’il est encore nécessaire de rappeler les contextes de non-transmission.

Il n’y a PAS de transmission du VIH dans les situations de la vie courante telles :

  • L’utilisation des toilettes
  • Le partage de verres et d’ustensiles
  • Les contacts physiques comme serrer la main ou s’embrasser
  • Les éternuements et les crachats
  • Les piqûres de moustiques ou autres insectes
  • Manger, travailler, faire du sport avec une personne séropositive

Le VIH ne se transmet QUE par 5 liquides corporels:

  • Le sperme et le liquide pré-éjaculatoire (precum)
  • Les sécrétions anales
  • Les sécrétions vaginales
  • Le sang
  • Le lait maternel / parental

Le VIH se transmet uniquement lorsque l’un de ces liquides provenant d’une personne séropositive qui ne connaît pas son statut ou qui ne prend pas de traitement efficace entre en contact avec le système sanguin d’une personne séronégative, par exemple, par le biais :

  • D’une coupure sur la peau (saignement, plaie ouverte)
  • De l’éjaculation
  • Des sécrétions frontales, vaginales ou anales
  • De l’allaitement
  • Du partage de matériel servant à l’injection ou à l’inhalation de drogues
  • Des muqueuses vaginales, anales ou celles autour du pénis
  • De l’utilisation de matériels non ou mal stérilisés pour réaliser un tatouage ou un piercing

Les données scientifiques sur i=i

Depuis plus de 20 ans, les études scientifiques rapportaient des cas de non-transmission du VIH au sein de couples sérodifférents (dont l’un·e des partenaires vit avec le VIH) lorsque la charge virale était faible.

En 2008, à la suite d’une analyse de résultats issus de différentes recherches sur le VIH, la Commission fédérale pour les problèmes liés au sida en Suisse a provoqué une onde de choc en publiant, dans un bulletin à l’intention des médecins suisses, leur conclusion dans un article intitulé: « Les personnes séropositives ne souffrant d’aucune autre MST et suivant un traitement antirétroviral efficace ne transmettent pas le VIH par voie sexuelle ». Selon ce groupe de chercheur·euses, les personnes séropositives avec une charge virale indétectable depuis 6 mois devaient avoir une très bonne observance au traitement et ne pas avoir d’ITS.

Il faudra une dizaine d’années supplémentaires, ponctuées de publications de résultats de grandes études scientifiques, avant que le reste de la communauté VIH affirme haut et fort i=i.

Études1Sujets de rechercheRésultats
PARTNER
2016 (phase 1)
2018 (phase 2)  
Phase 1 : Couples hétérosexuels et couples d’hommes gais sérodifférents (dont l’un·e des partenaires vit avec le VIH)
Phase 2 : Couples d’hommes gais sérodifférents  (dont l’un des partenaires vit avec le VIH)
Environ 36 000 relations sexuelles sans condom dans les couples hétérosexuels
Environ 70 000 relations sexuelles sans condom dans les couples d’hommes gais
0 transmission au sein des couples lorsque la charge virale était indétectable
Opposites Attract
2017
Couples d’hommes gais sérodifférents (dont l’un des partenaires vit avec le VIH)Environ 12 000 relations sexuelles sans condom
0 transmission au sein des couples lorsque la charge virale était indétectable
HPTN 052 2011Couples hétérosexuels sérodifférents divisés en deux groupes :
1) Traitement contre le VIH entamé dès le début de la recherche
2) Traitement contre le VIH entamé en différé (plus tard)
0 transmission au sein des couples lorsque la charge virale était indétectable
Dans le groupe 1: 1 cas d’infection au sein d’un couple avant que la charge virale devienne indétectable
Dans le groupe 2: 27 cas d’infections au sein de couples avant le début du traitement

1. Ce tableau est un résumé tiré de l’énoncé de consensus sur i=i de l’Ontario AIDS Networks (en anglais). Nous l’avons adapté pour les besoins du présent document.

i=i change le monde, littéralement !

C’est grâce à une personne vivant avec le VIH que le message « indétectable = intransmissible » a été médiatisé. Bruce Richman vivait avec le VIH depuis 10 ans lorsqu’il a appris qu’il n’y avait pas de risque de transmission. Choqué d’apprendre cette heureuse nouvelle si tardivement, il a mobilisé acteur·trices communautaires et chercheur·es des grandes études pour élaborer un énoncé de position [consensus statement] permettant de partager cette information essentielle. C’est ainsi qu’est née la Prevention Access Campaign. En 2022, plus de 1 000 organisations de plus de 100 pays ont signé l’énoncé de position.

Aujourd’hui, i=i fait consensus au sein de différentes instances internationales impliquées dans la riposte au VIH/sida:

i=i change aussi le monde au Québec et au Canada

Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a publié une position ministérielle en octobre 2018 sur « L’effet du traitement des personnes vivant avec le VIH sur le risque de transmission sexuelle de l’infection » stipulant :

Il n’y a aucune preuve de transmission de l’infection par le VIH pendant les relations sexuelles orales, vaginales ou anales sans condom

  • lorsque la personne vivant avec le VIH prend un traitement antirétroviral comme prescrit ET
  • que sa charge virale, mesurée par des analyses consécutives de laboratoire tous les quatre à six mois, se maintient à moins de 200 copies par millilitre de sang.

Dans ce contexte, le risque de transmission est négligeable.

Notons que, pour la santé publique, « négligeable » signifie qu’il y a un potentiel théorique de transmission, mais zéro cas rapporté.

La position du MSSS fait écho à la déclaration de l’Agence de la santé publique du Canada, publiée en 2017, qui arrivait aux mêmes conclusions :

Il est devenu évident que lorsqu’une personne vivant avec le VIH suit un traitement antirétroviral, prend ses médicaments tels qu’ils ont été prescrits et présente une charge virale supprimée confirmée, le risque de transmettre le VIH à des partenaires sexuels est virtuellement nul. 

Les origines de « i=i change le monde du VIH »

Les organismes-membres de la COCQ-SIDA ont demandé la création d’un message pour transmettre cette information importante. Dans le cadre de la 24e Conférence internationale sur le sida qui a eu lieu à Montréal en 2022, la Coalition a uni ses forces avec la Prevention Access Campaign et Coalition PLUS afin de partager un message collectif fort à travers cette campagne de communication.

Nous remercions Tandem Mauricie, le BLITSS, le Dispensaire, le MIELS-Québec, GAP-VIES, CASM, RÉZO et le Portail VIH/sida du Québec pour leur implication. Nous remercions également Bruce Richman de la Prevention Access Campaign, et toute l’équipe d’Upperkut, qui a réalisé la campagne.

Vous avez des questions?

Communiquez avec l’organisme de lutte contre le VIH le plus près de chez vous.

ou

Envoyez un texto à Sext’Info (service confidentiel en français) ou SextEd (service en anglais).

La production et la diffusion de cette campagne ont été possibles grâce à une contribution financière du ministère de la Santé et des Services sociaux.

L’Agence de la santé publique du Canada a contribué financièrement à la production et à la diffusion de cette campagne.

Nous les en remercions grandement.