Martine Fortin, coordonnatrice de projets à la COCQ-SIDA, a participé récemment au séminaire de formation et de transfert d’expertise de GAP-VIES (ci-dessous) ainsi qu’au symposium de l’alliance ETIAM (cliquez ici pour accéder au compte rendu du symposium).
Voici ses comptes rendus des deux événements.
12e séminaire de GAP-VIES
Le 26 mars dernier avait lieu le 12e séminaire de formation et de transfert d’expertise destiné aux professionnel·les de la santé et aux intervenant·es communautaires œuvrant auprès des personnes d’origine haïtienne et africaine, organisé par toute l’équipe de GAP-VIES.
Ce séminaire a été grandement pertinent. Cette année, il a donné la parole à M. Jean Fils-Aimé, docteur en théologie, professeur, conférencier, animateur de radio et pasteur. Son excellente présentation a porté sur l’histoire de la communauté haïtienne et son impact sur la sexualité.
Après avoir distingué foi, spiritualité et religion, M. Fils-Aimé est remonté jusqu’aux années de l’esclavagisme, où le texte juridique « Code Noir » était venu définir le rapport entre maître et esclave. Selon ce texte, l’esclave devait se convertir au christianisme au plus tard 8 jours après l’arrivée chez le maître. Or, l’application stricte de la religion chrétienne interdit les relations sexuelles avant le mariage ainsi que les relations homosexuelles. Si on ne respecte pas ces règles, on est puni·e. Cela explique pourquoi il peut être difficile de parler de relations sexuelles hors-mariage et de relations homosexuelles avec des personnes très croyantes.
Les participant·es au séminaire ont eu la chance de bien intégrer les différentes recommandations pour l’intervention interculturelle lors d’une analyse en sous-groupes d’une étude de cas. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’on ne doit pas ridiculiser ni banaliser les croyances religieuses, ou autres types de croyances, d’une personne qu’on cherche à aider. Il est aussi possible de référer à des versets de la Bible pour parler le même langage que la personne.
Bravo à toute l’équipe du GAP-VIES pour cet autre beau succès !
Symposium « Place aux nouvelles réalités »
Le symposium de l’alliance ETIAM – PVSQ, CAPAHC, ASTT(e)Q – s’est déroulé sur quatre vendredis en février et mars 2021. Chaque séance d’une durée de 90 minutes portait sur un thème spécifique.
Les présentations avaient été enregistrées d’avance (permettant d’offrir des sous-titres) et les périodes de question avaient lieu en direct. Le tout était ponctué de kiosques virtuels d’organismes, permettant de mieux connaître leurs services.
Un trait commun se dessinait à travers les expériences partagées dans toutes les séances : l’impact (souvent négatif, mais pas toujours) de la COVID-19 et des mesures de confinement.
La présentation de Jean-François Mary, directeur général de CACTUS Montréal, a permis de comprendre le contexte qui a conduit à la crise des surdoses actuelle, comme la restriction des prescriptions d’opioïdes et la disparition de l’héroïne au profit des drogues de synthèse, incluant le fentanyl. La prohibition en général a amené les trafiquant·es à se tourner vers la production de drogues de synthèse pour éviter de tenir une plantation ou de passer les douanes On espère que les appuis récents en faveur de la décriminalisation de la possession simple permettront de faire un petit pas dans une meilleure direction.
Pour les personnes déjà marginalisées ou dans une situation précaire, les mesures de confinement ont amené plus d’isolement, de stigmatisation, de profilage social et de problèmes d’accès à un logement abordable. L’Anonyme s’est donc mobilisé pour un meilleur accès à des logements abordables, la TOMS s’est mobilisée contre les constats d’infraction remis dans le cadre des mesures de confinement, et Spectre de rue, a pu adapter ses espaces communs intérieurs avec l’aide d’Architectes sans Frontières, leur permettant de maintenir un minimum de services.
James McKye d’ASTTeQ a partagé comment la télépratique a facilité l’accès aux soins pour des personnes trans, par exemple en supprimant l’anxiété liée à la salle d’attente. D’autre part, Étienne Chamberland de RÉZO a rappelé que la pauvreté est un obstacle aux soins, certaines personnes étant prises entre l’impossibilité de se déplacer jusqu’à l’hôpital ou la clinique et l’absence d’un lieu confidentiel dans leur espace de vie pour accéder aux soins en télépratique. Une solution : fournir des billets d’autobus et faciliter l’accès à la technologie dans des lieux sécuritaires pour les personnes trans. Quant au Dr Bertand Lebouché du CUSM, il estime que 30% de ses patient·es souhaiteraient poursuivre en télépratique, contre 70% qui souhaite revenir à des rencontres en présentiel.
L’arrivée des autotests de dépistage du VIH au Canada a coïncidé avec des difficultés généralisées d’accès au dépistage ITSS à travers le Québec. Le Dr Sean Rourke du groupe de recherche REACH Nexus a présenté cette technologie, approuvée par Santé Canada en novembre 2020, ainsi que le programme J’AGIS, qui permettra prochainement de distribuer des autotests gratuitement.
Finalement, mentionnons la présentation de la Black Indigenous Harm Reduction Alliance (BIHRA),un collectif de travailleuses communautaires qui donne des ateliers à l’établissement Leclerc, et distribue du matériel de réduction des méfaits (et du thé !) aux personnes inuites, des Premières Nations et métis qui vivent principalement dans la rue.
Bravo à l’alliance ETIAM pour ce symposium riche, enraciné dans les communautés.
À noter que toutes les séances du symposium sont maintenant disponibles dans leur intégralité sur la chaîne YouTube du CAPAHC.